De retour dans les Alpes
De l’idée d’un retour...C’est dans les années 1970 que l’idée de réintroduire le Gypaète dans les Alpes prend forme dans la tête de quelques français, suisses, autrichiens et italiens... Un clin d’œil tout particulier à Monsieur Gilbert Amigues, ingénieur des Eaux et Forêt de l’Epoque, et à Paul Géroudet, éminent ornithologue, qui ont beaucoup œuvré pour le retour de ce rapace !
Une première tentative est faite à partir de Gypaètes prélevés en nature et ramenés en France. Mais la question se pose alors de comment réintroduire ces grands oiseaux et comment s’en occuper ? Ils seront placés dans des volières d’acclimatation sur la commune du Petit Bornand en Haute-Savoie. Mais plusieurs d’entre eux vont mourir et un seul individu sera finalement relâché. Malgré cela, cette expérience sera riche d’enseignements !
... A la remise en liberté C’est grâce à une reproduction réussie de Gypaètes en captivité dans le zoo Alpin d'Innsbruck en Autriche en 1978 qu’est tenté une nouvelle technique de réintroduction : la mise en place d’un
réseau d’élevage où seuls les jeunes nés en captivité seront mis dans la nature. Le programme international de réintroduction est lancé avec le concours du WWF, de l'Union Internationale de Conservation de la Nature (UICN) et de la Société Zoologique de Frankfort.
Les premiers Gypaètes sont lâchés en 1986 dans la vallée du Rauris en Autriche. Un deuxième site de réintroduction voit le jour l'année suivante sur la commune du Reposoir en Haute-Savoie. Le parc national suisse Engadine accueille le troisième site de lâcher en 1991; en 1993 le parc national du Mercantour et le parc national Alpi Marittime voisin sont choisis comme nouveau site en alternance d'une année sur l'autre. Enfin, le dernier site de lâcher est choisi dans le parc national du Stelvio en 2000.
Depuis 2010, le site du parc naturel régional du Vercors accueille un site de réintroduction dont l’objectif est de renforcer la population dans les Alpes et faciliter les échanges entre les populations des Alpes et des Pyrénées.
Une technique approuvéeLa technique, dite au taquet, consiste à placer des jeunes Gypaètes, alors âgés de 3 mois, issus de captivité dans une cavité naturelle en falaises. Ces poussins sont au préalable bagués et certaines de leurs plumes sont décolorées afin de pouvoir les
suivre après leur envol. A cet âge, ils ne savent pas encore voler. Ils vont alors découvrir leur nouvel environnement et s’imprégner du site. Une équipe de surveillance veille à ce que tout se passe bien. Ce n’est qu’à l’âge de 4 mois qu’ils s’envoleront et deviendront petit à petit autonomes. A la fin de l’été, ils quitteront le site de réintroduction à la découverte des cimes alpines pour une phase d’errance qui durera quelques années, avant de revenir s’installer sur un territoire à la recherche d’un compagnon de vie.
Ainsi, plus de 230 oiseaux ont été lâchés depuis 1986 et forment la
population dans les Alpes.
Vers la fin des lâchers ?D’un point de vue démographique, les réintroductions pourraient cesser et la population actuelle pourrait se maintenir de façon autonome. Mais c’est sans compter sur les apports de la génétique, qui se sont développés dans tous les programmes de réintroduction au cours de ces dernières années. La population de Gypaète dans les Alpes est issue de captivité et certains individus sont rares d’un point de vue génétique. L’idée de la poursuite des lâchers est de pouvoir combler ce point. D’autres part, même si tous les voyants sont au vert, les effectifs de Gypaètes étant encore assez faibles et l’équilibre reste fragile, la poursuite des lâchers permettra de renforcer la population en cas de survenue de problèmes accrus de mortalité, dérangement... La décision d’arrêter les réintroductions, progressivement ou non, incombe à l’ensemble des acteurs de ce projet international et des acteurs du plan national d’action en liaison avec la Vulture Conservation Foundation (VCF).