LES DIFFERENTS TYPES DE SUIVI
Il existe différentes techniques qui permettent de réaliser le suivi de la population de Gypaètes barbus. Toutes les informations sont recueillies et analysées à l’échelle de l’arc alpin dans le cadre du
projet international du suivi du Gypaète barbu (IBM), afin d’évaluer la bonne santé de la population et mesurer l’efficacité des actions de réintroduction et de conservation. L’objectif est de suivre la dynamique et les paramètres démographiques (effectifs, taux de survie, succès de la reproduction, sexe ratio...), mieux connaître la biologie et l’écologie de l’espèce, comme les logiques de déplacements et d’utilisation de l’habitat, mais aussi de connaître la couverture géographique du réseau d’observateurs...
Si un problème survient au niveau de la population, comme une augmentation de la mortalité ou une diminution du succès de la reproduction, le suivi permettra de le détecter et de mettre en place des mesures de protection ou de gestion appropriées!
Les différentes techniques reposent sur le suivi par observations visuelles (observations occasionnelles, prospections, comptages, suivi de la reproduction...) reposant sur le
réseau d’observateurs, le suivi satellite par l’équipement de certains oiseaux de balises et d’émetteurs, et le suivi génétique par l’analyse de plumes récupérées en nature.
Apprenez à
reconnaître le Gypaète barbu et à l’observer, et
participer vous aussi aux différents types de suivi.
- Les observations occasionnelles
Il s’agit de répertorier tout au long de l’année toutes les observations uniques de Gypaètes barbus, lors de la présence occasionnelle d’observateurs sur le terrain. Chaque observation est consignée dans une fiche d’observation renseignant le lieu, la date, les caractéristiques physique de l’oiseau (couleur du plumage, présence de mues, de marques de décoloration ou de bagues sur les oiseaux réintroduits), son comportement... L’objectif est de décrire le mieux possible ce que vous observez, de prendre des photos afin que le responsable du suivi du Gypaète sur chaque département tente d’identifier l’oiseau ou sa classe d’âge, permettant ainsi de connaître à l’échelle de toute la population alpine l’effectif et la structure par classe d’âge, de contrôler les taux de survie des individus, mais aussi de connaître l’aire de répartition et de comprendre les logiques de déplacements des oiseaux.
Vous pouvez renseigner vos observations en ligne.- Les prospections spécifiques
A l’automne entre octobre et décembre sont organisées des prospections spécifiques sur l’ensemble d’un massif ou plusieurs massifs. Plusieurs équipes de suivi, équipées de jumelles et de longues vues, se mettent en place sur des postes fixes entre 10h et 16h et sont en contact soit par liaison radiophonique ou téléphone. Ils vont observer les directions que prennent les Gypaètes et leurs comportements liés à la
reproduction (vols synchrones, défense de territoire, transport de laine ou de branches, accouplements...). L’objectif est de contrôler la présence des couples connus et de localiser l’aire de nidification qu’ils ont choisi pour se reproduire, et de détecter la présence de nouveaux individus ou couples s’installant sur de nouveaux territoires.
En septembre de chaque année est également organisée une journée de mobilisation générale sur l’ensemble de l’arc alpin sur des postes fixes de suivis. Cette journée permet de compter un nombre d’oiseaux minimum sur l’arc alpin, mais surtout de dynamiser, animer et former le
réseau d’observateurs.
Les résultats de la prospection internationale organisée en 2014 est
téléchargeable ici.- Le suivi de la reproduction et des perturbations
Une fois que le couple a pondu son ou ses deux œufs dans le nid, en général en janvier ou février, il s’agit de suivre et de surveiller les sites de
reproduction et toutes les étapes de la reproduction jusqu’à l’émancipation du poussin. Le suivi s’opère à partir d’un poste d’observation, assez éloigné de l’aire pour ne pas déranger les oiseaux, avec un minimum de un contrôle par semaine jusqu’à un suivi hebdomadaire pendant les périodes clés de la reproduction que sont l’éclosion, l’envol et l’émancipation du poussin. Ces informations permettent de connaître la productivité et le succès de la reproduction pour chaque couple, mais également de déterminer les sources de perturbations sur chaque site de reproduction.
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La Fondation suisse Pro Gypaète a mis en œuvre le programme Gypaète en vol depuis 2004, basé sur l’équipement de certains oiseaux par des balises et des émetteurs. La première étape a consisté à tester les systèmes de fixation des balises sur des oiseaux en captivité, pour vérifier que les oiseaux n’étaient pas gênés ni blessés par le système. Les balises sont collées sur une plume de la queue ou fixées sur un harnais entourant les pattes des oiseaux. Depuis 2004, plusieurs Gypaètes réintroduits ont été équipés pour le suivi satellite. Les balises émettent un signal localisé par le système Argos, basé sur plusieurs satellites situées à 850 km au dessus de la Terre sur une orbite polaire. D’autres systèmes sont également testés (GPS, téléphonie mobile). Le harnais et la balise sont prévus pour se détacher au bout de quelques années lorsqu’ils ne fonctionnent plus.
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Cette technique répond à certaines questions concernant l’utilisation de l’espace par le Gypaète barbu et les dispersions des oiseaux dans leur première année de leur vie, mais également de retrouver les oiseaux s’ils sont morts et d’en identifier la cause.
Ce suivi est développé en partenariat avec le
laboratoire suisse Ecogenics.Chaque Gypaète barbu qui va être réintroduit subit une prise de sang afin de connaître son sexe et son empreinte génétique, appelée génotype. Tous les résultats sont centralisés dans une base de données depuis 1998. Lorsqu’une plume est par la suite trouvée au hasard dans la nature, ou récoltée par les responsables du programme aux pieds des aires à la fin d’une saison de reproduction, elle est analysée et comparée avec les résultats de la base de données.
Cette technique permet de ré-identifier l’oiseau et donc de contrôler sa survie, de trouver la filiation de certains oiseaux sans forcément les identifier (cas des oiseaux nés en nature dont les parents ont été réintroduits), de détecter des changements de partenaires au sein d’un couple mais aussi de détecter des changements d’individus entre populations alpines et autres.
Documentation génétique à télécharger (en anglais)